Intégration technologique et durabilité : les DSI, introducteurs stratégiques de la transition numérique des entreprises.

Essentiel pour le développement des entreprises depuis les années 80, le rôle du Directeur des Systèmes d’Informations (DSI) consiste à mettre en place et déployer un système d’informations afin de remplir les objectifs de performance de sa direction.

Or, avec la transformation accélérée des entreprises – due à la numérisation de l’économie et à la digitalisation croissante du monde – ses activités se sont considérablement élargies.

Près de 95% des DSI1 ont ainsi déclaré dans un rapport publié en 2020 par l’IDG, que leur rôle s’étendait désormais au-delà de la gestion informatique traditionnelle, avec une augmentation de 4 à 25 % de tâches stratégiques.

Alors que le sujet de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) prend de l’ampleur, la numérisation soulève également de nombreux enjeux environnementaux ; et positionne, les DSI en véritables partenaires stratégiques.

Face à l’impact du coût environnemental indéniable du développement des outils digitaux, c’est aux DSI de miser sur l’écoconception des produits et des services. Une mission délicate si l’on considère l’effet rebond : un phénomène paradoxal qui implique que la réduction des impacts environnementaux escomptée grâce à l’usage d’une solution technologique est en partie ou totalement compensée par la surutilisation de cette même solution.

Toutefois, grâce à l’analyse et au partage de données en temps réels, ces solutions peuvent aussi représenter des opportunités de mettre en place des systèmes moins gourmands, circulaires et d’atténuer le bilan carbone des opérations.

Le monitoring des données, un moteur de développement

Le monitoring des flux de données et des équipements informatiques est une étape clef dans la bonne gestion des systèmes d’informations.

En effet, la demande croissante de fabrication de nouveaux actifs et la mauvaise gestion de ceux déjà existants sont responsables de l’émission de grandes quantités de CO2 et de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Rien qu’au cours de la dernière décennie, l’empreinte carbone totale du secteur informatique a représenté environ 1,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre2. Tandis que 60 à 80 %3 de ces émissions, sont issues de la production et de l’utilisation des équipements terminaux.

Une enquête de Deloitte4 menée auprès de 2 000 cadres supérieurs dans 21 pays met ainsi en lumière le fait que près d’un tiers d’entre eux avaient de réelles difficultés à mesurer l’impact environnemental de leur organisation.

En exploitant les données des applications et des plateformes utilisées par les entreprises, les DSI peuvent mesurer, surveiller et calculer l’empreinte carbone à l’aide de divers paramètres tels que le taux d’émissions de gaz à effet de serre ou la consommation d’eau et d’énergie.

Le monitoring de la chaîne d’approvisionnement et des données, permet aux DSI d’identifier plus facilement les points faibles (en termes de performances, d’empreinte carbone, de gaspillage…) afin de mettre en place des stratégies appropriées.

Un parfait exemple du succès du monitoring peut s’illustrer par la migration des fonctions commerciales non essentielles et critiques vers le cloud. En contrôlant la consommation d’énergie de leurs entreprises, certains DSI se sont rendu compte qu’ils pouvaient économiser en transférant les données sur site dans des data centers.

De nombreuses études confirment cette tendance : les entreprises qui ont abandonné les centres de données sur site au profit du stockage dans des datacenters ont réalisé près de 80 % d’économie d’énergie5.

En revanche, comme évoqué précédemment l’utilisation massive de nouvelles solutions technologiques – comme le cloud – peut aussi se révéler très énergivore.

L’utilisation du cloud devrait ainsi représenter près de 8 % de la consommation mondiale d’électricité d’ici 20306.Il est donc essentiel que les DSI fassent appel à des fournisseurs qui s’engagent à respecter la neutralité carbone et à privilégier des sources d’énergie renouvelables.

La mise en place d’initiatives plus respectueuses de l’écologie est d’ailleurs passée du rang de démarche volontaire à celui de véritable contrainte législative pour les entreprises. Comme en témoignent les lois AGEC et REEN votées en 2020 et 2021, qui visent respectivement à limiter gaspillage et obsolescence programmée, ainsi qu’à faire converger transition numérique et transition écologique.

Aux vues du cadre juridique qui se dessine en France et dans le reste du monde, il devient donc évident que les entreprises sont amenées à jouer un rôle majeur dans ces changements, notamment en intégrant dans leur stratégie RSE, une approche responsable du numérique sous peine de s’exposer à des sanctions financières et à la dégradation de leur image de marque.

(R)établir une relation de confiance avec ses clients et ses employés grâce à une communication transparente

98 % des consommateurs8 estiment ainsi aujourd’hui que les entreprises ont la responsabilité de rendre le monde meilleur. De plus en plus d’employés souhaitent également travailler dans des structures qui, privilégient la durabilité et matérialisent dans leur politique RSE leurs valeurs personnelles9. Or à mesure que se généralise la prise de conscience quant à l’impact environnemental de la technologie, le DSI est en première ligne et devient le fer de lance de l’efficacité énergétique.

La transition écologique implique de réduire les consommations d’énergie et de matière pour réorienter ces consommations vers des activités durables.

Sur des grosses lignes de production alimentées par des forts intrants énergétiques, qui transforment des volumes importants de matière, l’implémentation de ces réductions aura des impacts sur les process, la performance, la rentabilité et ne s’effectuerons pas sans difficultés.

Alors que côté SI, une réduction des dépenses énergétiques et matérielles peut se révéler quasiment transparente pour les utilisateurs ; contribuant ainsi à établir la confiance entre toutes les parties prenantes : y compris les clients, les employés et les investisseurs.

En interne, les DSI peuvent ainsi :

    • Alimenter les serveurs grâce à une énergie d’origine renouvelable.
    • Allonger le délai de renouvellement des parcs IT.
    • Mettre en place des systèmes favorisant des travaux collaboratifs.
    • Limiter progressivement certains gestes très gourmands en bande passante (vidéo, taille des boîtes mail…)

Ces changements ne pourront s’opérer sans une grande transparence en interne, notamment en favorisant les échanges entre les différents départements, en permettant à tous les employés de se familiariser aux bonnes pratiques et en définissant des objectifs conformes à la stratégie globale de durabilité.

Etablir une politique de durabilité est une démarche qui s’inscrit dans la durée. Elle requiert des partenariats externes permettant de répondre aux exigences légales d’un secteur de plus en plus réglementé et qui sous-entend un échange constant de connaissances et d’idées pour s’adapter au rythme d’un secteur, par définition évolutif.

Cela passe bien sûr par une relation de confiance avec les vendeurs et les fournisseurs et l’optimisation des chaînes d’approvisionnement, qui sont responsables d’environ 80 % des émissions d’une compagnie10.

Se tourner vers l’économie circulaire

49 % des organisations11 déclarent que la mise en œuvre d’initiatives informatiques durables constitue un défi majeur en raison du manque d’outils permettant d’évaluer leur empreinte carbone informatique.

Ainsi, selon un rapport Gartner12, les DSI misent de plus en plus sur des technologies telles que l’IA et l’Internet des Objets (IdO) pour améliorer la durabilité matérielle de leurs infrastructures. Et ce, notamment grâce à des capteurs permettant de suivre l’origine d’un actif ou d’alerter en envoyant un signal lorsqu’une pièce nécessite d’être réparée.

Ces solutions peuvent favoriser une approche plus analytique de la gestion des actifs informatiques (ITAM) englobant l’acquisition, l’exploitation et l’élimination de ceux-ci. Ce qui permet de faire des économies, d’utiliser moins de matérielle et de diminuer le bilan carbone d’une infrastructure à chaque étape du cycle de vie de ses actifs.

En pratique, il peut s’agir d’acquérir des pièces reconditionnées auprès d’un fournisseur spécialisé au lieu d’avoir recours à du matériel neuf et d’opter pour la maintenance des data centers afin de prolonger la vie des actifs après la fin de leur cycle de vie.

L’ITAM contribue à lutter contre l’obsolescence programmée, et à réduire drastiquement les quantités d’équipements fonctionnels et de matières premières réutilisables qui finissent en décharge chaque année. De plus, lorsqu’une entreprise n’a plus besoin d’un ou de plusieurs actifs de leur infrastructure, les DSI peuvent générer des revenus supplémentaires grâce à un service de rachat et, s’ils ne sont plus en état de fonctionner, donner une seconde vie aux matières premières en se tournant vers le recyclage conforme aux normes en vigueur.

En adoptant cette approche qui renforce l’établissement d’une économie circulaire dans l’informatique, les DSI sécurisent leur budget en réduisant le coût total de possession (CTP) et protègent l’environnement en évitant les déchets électroniques et les émissions nocives à chaque étape du cycle de vie du matériel.

Réconcilier transition numérique et écologique.

La numérisation de nos échanges ne va pas ralentir : et on estime que l’industrie des centres de données devrait connaître une croissance de près de 500 % d’ici 203013.

Chefs d’orchestre de la transformation numérique des entreprises (et du monde), les DSI façonnent déjà notre avenir digital et travaillent à élaborer des solutions sur le long terme pour atténuer son impact environnemental.

Ouvrir une voie durable à la digitalisation de nos pratiques, utiliser les données pour développer de nouvelles stratégies, encourager les échanges de connaissances pour progresser et construire ensemble un futur digital durable sont autant d’enjeux que les DSI se mesurent et vont devoir se mesurer dans les prochaines années.

Sources

    1. ‘2020 State of the CIO Report.’ International Data Group (IDG). 2020.
    2. ‘ICT and the climate.’ Ericsson. 2020. (A quick guide to your digital carbon footprint – Ericsson)
    3. Godlovitch, Ilsa et al. 2021. ‘Environmental impact of electronic communications.’ WIK Consult and Ramboll. December 23, 2021.  
    4. ‘2022 Deloitte CXO Sustainability Report.’ Deloitte. 2022. (2022 Deloitte CxO Sustainability Report | Deloitte Global)
    5. Henry, Nishita, John Peto, Shay Eliaz, Anjali Shaikh & Khalid Kark. 2022. ‘The CIO’s call to action: Driving an environmentally sustainable tech agenda to accelerate organizational change.’ Deloitte. May 18, 2022. (CIOs and sustainable technology | Deloitte Insights)
    6. Andrae, Anders S. G. & Edler, Tomas. 2015. ‘On Global Electricity Usage of Communication Technology Trends to 2030.’ MDPI. February 27, 2015. (Challenges | Free Full-Text | On Global Electricity Usage of Communication Technology: Trends to 2030 | HTML (mdpi.com))
    7. Freedman, Andrew. 2022. ‘SEC proposes first climate disclosure rules for public companies.’ AXIOS. March 21, 2022. (SEC proposes first mandatory climate risk disclosure rules (axios.com))
    8. Henry, Nishita, John Peto, Shay Eliaz, Anjali Shaikh & Khalid Kark. 2022. ‘The CIO’s call to action: Driving an environmentally sustainable tech agenda to accelerate organizational change.’ Deloitte. May 18, 2022. (CIOs and sustainable technology | Deloitte Insights)
    9. Daniel, Diann. 2022. ‘The CIO’s key role in environmental sustainability.’ TechTarget. March 22, 2022. (The CIO’s key role in environmental sustainability (techtarget.com))
    10. Bove, Anne-Titia & Swartz, Steven. 2016. ‘Starting at the source: Sustainability in supply chains.’ McKinsey. November 11, 2016. (Starting at the source: Sustainability in supply chains | McKinsey)
    11. ‘Sustainable IT: Why it’s time for a green revolution for your organization’s IT.’ Capgemini Research Institute. 2021.
    12. Gupta, Ashutosh. 2021. ‘How CIOs can get ahead on sustainability and ESG.’ Gartner. November 11, 2021. 5 Key Steps for CIOs to Drive ESG Initiatives (gartner.com)
    13. Andrews, Debra, Elizabeth J. Newton, Naeem Adibi, Julia Chenadec & Katrin Bienge. 2021. ‘A circular economy for the data centre industry: using design methods to address the challenge of whole system sustainability in a unique industrial sector.’ MDPI. June 2, 2021.

Post :

Faire du numérique un levier de la transition économique n’est pas un exercice aisé. Car, si le digital a un impact environnemental croissant, il peut aussi se révéler un instrument inégalable pour optimiser les ressources. Au sein des entreprises, le rôle des DSI est crucial pour faire rimer pratiques numériques et écologiques. Découvrez dans cet article, les stratégies pour réconcilier ces antagonismes notamment en faisant appel aux services de partenaires durables comme Evernex.

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